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Sur la scène, un chercheur. Il dialogue avec une voix off, qui est peut-être celle de sa conscience. Traversé par l’image qui s’affiche sur le grand écran de fond de scène, le personnage nous livre l’expérience intime du scientifique : les moments de bonheur de la découverte, les interrogations sur les découpages des savoirs ou sur l’utilisation des résultats de la science par les puissances de tout bord. Au terme de son parcours, il se découvrira finalement très proche de ses compagnons d’existence que sont les animaux.
Qu’est-ce qu’un chercheur ? N’est-il pas urgent d’ouvrir les laboratoires et d’entamer un dialogue direct avec les citoyens ? Qu’en est-il du rôle collectif de la science ? En quoi une communauté sociale peut-elle avoir intérêt à se doter d’une avancée dans la science ? Quelles sont les relations entretenues par la science avec les puissances d’argent, militaires ou politiques ? Le chercheur est au cœur de ces enjeux, il y est impliqué, il est peut-être le mieux à même de prendre la parole pour dire publiquement ce qu’il fait et ce qu’on lui fait faire.
Le spectacle est construit comme une succession de tableaux qui abordent tour à tour différents aspects du travail de recherche. Le personnage sur scène n’est pas le représentant d’une discipline. Il met d’ailleurs en discussion les découpages institués de la science, par exemple quand on considère d’une manière élargie l’expression de « science de l’homme ». Des prises de parole multiples sont comme autant de points de passage entre ce qui se passe dans la tête du chercheur et ce qui peut se passer dans la conscience du spectateur. La théâtralité est ici au cœur d’une prise de parole citoyenne vis-à-vis de la science.
Appassionata a été créé en novembre 2007 au Centre Culturel de La Ricamarie (42) à l’occasion du Festival « Scènes de Méninges » (La Rotonde-CCSTI de St Etienne & Loire) Il a été joué à Lyon, au Théâtre de l’Elysée, avec la CEPRRA et le réseau des 8 CCSTI en Rhône-Alpes ; à Rieumes (31) avec Les Chemins Buissonniers) ; à Villeurbanne, au CCVA (69), dans le cadre de la Nuit des Chercheurs.
Une mise en poésie de la science. Ca part comme une révolte, ça finit comme un beau rêve poétique… En laissant dominer la forme, le signifiant, Appassionata se fait œuvre poétique. L’utilisation maximale des technologies contemporaines (vidéo, bande son) en démultiplie la puissance de signification. Comme la poétique avec la littérature, Appassionata essaie à sa manière d’écrire une grammaire de la science. Apprendre, connaître, n’est-ce pas une expérience qui nous rapproche du monde, qui nous le rend plus familier, plus accueillant ?
Cette création est aussi prétexte à nous interroger sur les relations qui peuvent exister entre l’art et la science ? La frontière n’est peut-être pas si hermétique qu’on peut le croire. De nombreux artistes font appel à des objets de science. Un scientifique comme un artiste fait travailler son imaginaire. Le premier est hanté par une question à résoudre absolument, l’autre par son œuvre qu’il doit achever.
